Dès le plus jeune âge, une visite chez le chirurgien-dentiste au moins une fois par an est conseillée. À défaut, certaines périodes charnières sont particulièrement importantes. Le point sur ce suivi indispensable.
Première visite souhaitable, de son propre chef ou sur les conseils du pédiatre, pour une familiarisation du tout-petit avec le cabinet dentaire et un examen des premières quenottes (incisives), notamment en vue du dépistage du redoutable syndrome du biberon.
Les vingt dents de lait sont en principe en place. Le praticien les examine, prescrit éventuellement du fluor, donne des conseils en matière d’alimentation et d’habitudes néfastes comme la succion de la tétine ou du pouce.
Les premières molaires définitives apparaissent. Ces " dents de 6 ans " passent souvent inaperçues car elles poussent en arrière des dents de lait. Elles sont capitales pour la stabilité des autres dents qui s’organisent autour d’elles. Or, ce sont les plus atteintes par les caries du fait de leur situation, d’une minéralisation non terminée et d’un relief prononcé. Il est possible de les protéger par l’application indolore d’une résine dans le creux de la dent : le " scellement des sillons ".
L’enfant est en " denture mixte ", avec coexistence de dents temporaires et de dents définitives. Les gencives peuvent être douloureuses lors de la poussée, les dents sont mal alignées, certaines bougent : tout cela ne facilite pas une bonne hygiène et favorise une recrudescence des caries.
Les dents permanentes finissent de se mettre en place, avec notamment les deuxièmes molaires définitives ou " dents de 12 ans ". Comme les premières molaires, elles peuvent être protégées par un scellement des sillons. La préadolescence marque souvent des changements de comportement alimentaire (grignotage et boissons sucrées), accompagnés parfois d’un relâchement en matière d’hygiène. Or, les appareils multibagues, fréquents à cet âge, sont de vrais pièges à plaque dentaire. Le brossage est donc particulièrement important.
Toutes les dents permanentes sont maintenant là. Pour qu’elles restent intactes, il est indispensable de repérer les caries le plus tôt possible, avant qu’elles soient douloureuses. Le dentiste peut être amené à repérer des troubles du comportement alimentaire : érosion importante de la face interne des dents par des vomissements répétés en cas de boulimie par exemple. Le praticien peut aussi mettre en garde l’adolescent fumeur sur les effets néfastes du tabac sur les gencives (50 % des adolescents ont une gingivite).
C’est l’âge où les troisièmes molaires - s’il y en a et si elles ont la place - font leur apparition sur l’arcade dentaire. Le praticien peut être amené à surveiller leur évolution, voire à procéder à leur extraction. L’enfant est maintenant devenu adulte et ce sera à lui de prendre en charge son hygiène bucco-dentaire. Une occasion de rappeler encore une fois l’importance du brossage et d’une alimentation équilibrée.
Depuis le 1er septembre 2006, un bilan bucco-dentaire est proposé gratuitement par l’Assurance Maladie aux âges clés de 6, 9, 12, 15 et 18 ans. Les parents sont prévenus par courrier un mois avant la date de l’anniversaire de l’enfant. Cet examen de dépistage permet de dresser un bilan de l’état de santé bucco-dentaire et d’établir un programme de soins. Les soins nécessaires (hors prothèse et orthodontie) sont remboursés à 100 % à condition d’être commencés dans les trois mois.
Dr Jean-Louis Sixou, responsable du département d’odontologie pédiatrique, faculté de chirurgie-dentaire de Rennes
Congrès de l’ADF (Association dentaire française) 2005
Entretiens de Garancière 2005 et 2006
CNAM (Caisse nationale d’assurance maladie)
Auteur(s): Catherine Viot