L’apprentissage de la parole ne se déroule pas de manière fluide chez tous les enfants. De répétitions en blocages, un bégaiement, passager ou continu, peut parfois apparaître, pouvant aller jusqu’à un réel trouble de la communication...
Apprendre à parler c’est maîtriser, entre autres, le rythme de la parole et parvenir à coordonner anatomie, muscles et pensée. Vers 2 ans, au moment où le stock de vocabulaire s’enrichit, l’enfant découvre et utilise un nombre impressionnant de mots nouveaux. Rien d’étonnant s’il ne domine pas tout d’un seul coup : que de choses à dire, que de mots à prononcer alors que cette coordination ne suit pas encore bien !
Ce bégaiement, appelé aussi dysfluences (Van HOUT), est considéré comme une étape : l’enfant hésite, se reprend, accélère, corrige et le plus souvent, tout rentre dans l’ordre.
Ces hésitations, pouvant durer quelques mois, parfois se poursuivent bien au-delà et pour 1 enfant sur 4, le bégaiement devient chronique. L’enfant bute, se répète, recommence, et surtout s’énerve parce qu’il n’y arrive pas : blocages quand il bute sur la première syllabe ou le premier son d’un mot (bbbbbbbateau), répétitions de syllabes (toutoutoutoutoupie) ou de mots, pauses respiratoires, prolongations de sons (chhhhhhhhapeau)…
Les signes d’alerte sont nets : tension du visage, des mains ou du corps entier, respiration bloquée l’empêchant de finir ses phrases, rupture du contact visuel durant l’échange, parfois refus de parler. Et on entre dans le domaine du trouble de la communication…
La période de 2 à 5 ans est la plus exposée chez l’enfant pour l’installation du bégaiement. De nombreux auteurs (Le Huche, Anne-Marie Simon) se sont penchés sur ses origines et prennent en compte :
La frontière entre hésitations normales et chronicisation est très mince et un " vrai " bégaiement est trop important pour la communication de l’enfant pour en faire l’impasse. Si les parents sont inquiets, quelle que soit la raison et l’âge de l’enfant, le mieux est de consulter le pédiatre ou le médecin traitant, puis si besoin l’orthophoniste, spécialiste du langage et de la communication. Ce dernier prodiguera conseils, guidance parentale ou rééducation. Parents et enfant prendront ainsi conscience des difficultés et des moyens à mettre en place pour favoriser l’évolution de ce trouble.
Ni reproches, ni moqueries, ni conseils ! Et surtout déculpabiliser l’enfant… " Ralentis, reprends ton souffle, calme-toi, articule ! Fais un effort, répète !", ne font que renforcer le contrôle de sa parole et le naturel s’échappe ! Même si c’est dur de ne pas lui montrer votre inquiétude, ne faites pas non plus semblant de rien, l’enfant sait très bien qu’il y a quelque chose de bizarre dans sa manière de parler !
Au contraire, restez dans la communication, en écoutant ce qu’il dit sans juger la manière dont il le dit. Profitez de moment d’échanges, par le jeu ou une histoire racontée, pour ralentir votre débit, avec des phrases un peu plus courtes, des pauses, du temps pour qu’il réponde. Un enfant qui bégaie implique encore plus d’être à son écoute, il doit vous sentir disponible, faites-lui savoir si vous l’êtes vraiment au moment où il vous parle et regardez-le. Donnez-lui le temps de finir sa phrase, ce qu’il a à vous dire est important, sans l’interrompre ou parler à sa place. Et surtout, ne le forcez pas s’il n’a pas envie de parler dans certaines situations…
" Mon copain Bogueugueu " B.Fontanel, Gallimard Jeunesse, 2006
" Des nœuds dans la gorge d’Ariane " D.Noreau, Dominique et Compagnie, 2010
" Mon nom, c’est c’est Olivier " B.Marleau, Boomerang, 2006
Consultez le site de l’association Parole-Bégaiement : www.begaiement.org
Auteur(s): Anne Chevillot-Sauger, orthophoniste