Près de trois femmes sur quatre accouchent sous péridurale, une injection de produit anesthésiant pour enfanter sans douleurs (ou presque) et récupérer plus vite. Avantages et inconvénients…
Comparée aux autres méthodes - sophrologie, yoga, relaxation - destinées à lutter contre la douleur lors de l’accouchement, l’anesthésie péridurale est la seule qui soit pleinement efficace, atteste le professeur André Lienhart, ancien président de la Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar). La péridurale permet d’atténuer voire de supprimer les douleurs provoquées par les contractions de l’utérus pendant le travail et lors de l’accouchement. Cette analgésie (elle supprime la douleur mais pas les sensations) n’insensibilise que la partie inférieure du corps de la maman et le bébé ne court aucun risque. Elle est proposée lors des consultations prénatales et des séances de préparation à l’accouchement. Un rendez-vous avec l’anesthésiste est obligatoire pendant le dernier trimestre de la grossesse pour vérifier qu’il n’existe aucune contre-indication : allergie aux produits anesthésiants, déformation de la colonne vertébrale, trouble de la coagulation sanguine… Le jour J, une infection sur la zone à piquer ou de la fièvre empêchent le recours à cette technique.
La consultation obligatoire d’anesthésie qui précède l’accouchement est le meilleur moment pour choisir ou refuser la péridurale. " Les futures mamans doivent savoir que l’on ne peut pas faire une péridurale à tout moment du travail. S’il est trop avancé, la péridurale n’est pas efficace ", précise André Lienhart. Le jour de l’accouchement, autant que faire se peut, il est donc préférable de ne pas arriver trop tard à la maternité ! Parfois, on ne peut pas faire cette anesthésie en raison de certaines contre-indications médicales. Les troubles de la coagulation, qu’ils soient héréditaires, liés à la grossesse ou à la prise de certains médicaments, en font partie. " Certains médicaments même anodins, tels que les anti-inflammatoires, peuvent avoir des propriétés anticoagulantes qui interfèrent avec la péridurale. " Une infection locale comme des furoncles dans le bas du dos ou une fièvre (température inférieure à 38°) peuvent aussi être des obstacles.
Une déformation de la colonne vertébrale, une scoliose ou une opération d’une hernie discale par exemple, peuvent compliquer la pose de la péridurale. Dans ces cas, elle peut être moins efficace mais elle reste toutefois envisageable.
La péridurale nécessite la présence d’un médecin anesthésiste au moment de l’accouchement. Lorsque les contractions se rapprochent et deviennent pénibles, il réalise dans un premier temps une petite anesthésie locale dans le bas du dos. Ensuite, il introduit une aiguille puis un cathéter, entre deux vertèbres lombaires, par lequel le produit anesthésiant sera diffusé selon les besoins de la maman. Il agit au niveau de l’utérus et de la région du périnée quinze à trente minutes plus tard. En cas d’épisiotomie ou de césarienne, cette anesthésie suffit. Elle peut entraîner, mais c’est rare, des douleurs lombaires, des maux de tête ou une baisse de tension. Elle est prise en charge à 100 % par l’Assurance maladie.
" J’attends un enfant ", Laurence Pernoud et Agnès Grison, Horay, 2008.
" L’état de santé de la population en France - Rapport 2007 ", Dress, ministère de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative.
Professeur André Lienhart, ancien président de la Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar)
www.sfar.org
Auteur(s): Ghislaine Trabacchi