Si les lunettes pour presbytes sont entrées dans les mœurs, les appareils auditifs ne font pas encore recette : 15 % seulement des 5 millions de Français qui en auraient besoin sont appareillés.
C’est beaucoup moins que dans d’autres pays d’Europe : 35 % des malentendants sont appareillés en Angleterre, 44 % au Danemark !
Plus discrètes et plus performantes, les aides auditives ont beaucoup progressé. Du classique contour d’oreille au minuscule appareil intra-auriculaire, le choix est large. Ces appareils sont réalisés sur-mesure. Une étape de réglages permet de les adapter en fonction de l'ambiance sonore. Pourtant, l’âge venant, les Français rechignent à se faire appareiller. Se condamnant à un certain isolement.
L’âge est le premier responsable de la perte d’audition : une personne de plus de 60 ans sur trois est malentendante. L’oreille interne, en vieillissant, est atteinte de presbyacousie, qui est une perte progressive de l'audition, précisément de la perception des sons aigus.
Le nombre de cellules ciliées, qui captent les vibrations sonores et les transmettent sous forme d’influx nerveux au cerveau, diminue en effet avec le temps. Conséquence : une baisse de l’audition en intensité (qui touche surtout les fréquences aiguës) et en capacité de discrimination (on entend mais on ne distingue pas ce qui se dit…). Ce phénomène d’usure, variable suivant les individus et leur passé auditif (traumatismes sonores, loisirs bruyants, exposition professionnelle au bruit…), s’accentue avec les années. Si la personne ne fait rien, ses difficultés de communication iront croissant, elle aura plus de mal à comprendre les émissions de radio ou de télévision, augmentant progressivement le volume.
Dans les environnements bruyants (repas de famille par exemple), elle sera noyée dans un brouhaha d’où rien n’émergera. Bref, à terme, la personne atteinte de surdité risque de vivre de plus en plus dans sa bulle, coupée des autres.
Inutile de laisser passer les années et d’attendre l’aggravation de la surdité pour réagir. Au contraire ! Il est préférable d’être appareillé dès les premiers signes de faiblesse pour éviter de s’isoler et pour stimuler les cellules de l’oreille interne restantes. « Plus on attend, plus le nombre de cellules ciliées diminue, ce qui diminue également les capacités d’adaptation à l’appareil », explique Nathaniel Rameau, audioprothésiste à Paris.
Près de 35 % des plus de 55 ans n’ont jamais passé de test auditif. Pourtant, chacun devrait savoir où en est son audition. Certaines enseignes proposent des tests de dépistage gratuits qui permettent de faire le point. La mesure de l’audition (audiogramme) comporte deux tests :
Ces tests ne sont pas médicaux et doivent être complétés d’une consultation chez un ORL, seul à même d’établir un diagnostic et, le cas échéant, de faire une ordonnance pour l’appareillage.
Muni de l’ordonnance, l’audioprothésiste personnalise l’aide auditive en procédant à des réglages en fonction de l’audiogramme et de l’utilisateur (ses habitudes, son expérience de l’appareillage). Il peut par exemple « envoyer » une conversation pour régler l’antibruit.
Le prix d’une aide auditive comprend le prêt pour essai ainsi que des réglages autant de fois que nécessaire pendant la durée de vie de l’appareil.
Retrouver une vie sociale en affichant le moins possible son handicap, tel est le rêve de tout malentendant… Aujourd’hui, il existe toute une gamme d’appareils pour répondre aux besoins de chacun en fonction de sa déficience, de ses exigences… et de ses capacités financières.
Les aides auditives amplifient le son pour qu’il soit perceptible par l’oreille déficiente. Ces appareils sont de trois types :
Quel que soit l’appareil choisi, une longue période d’essai est nécessaire pour que les personnes nouvellement équipées s’y habituent.
Grâce à la miniaturisation et à l’informatisation, les aides auditives actuelles, de la génération numérique, n’ont plus grand-chose à voir avec les « analogiques » de nos parents. Fini les sifflements intempestifs grâce à des anti-Larsen performants. Des filtres antibruit permettent de diminuer le bruit de fond pour faire émerger la parole. D’autres systèmes réagissent au 1/1000e de seconde pour atténuer les bruits soudains et forts.
Les oreillettes ou contours d’oreille peuvent être équipés de micros qui suivent la direction du regard ou que l’utilisateur contrôle à l’aide d’une télécommande. Certains appareils sont rechargeables sur une station d’accueil, d’autres intègrent la connexion Bluetooth à un téléphone, etc. Évidemment, plus la technologie est sophistiquée, plus l’appareil est cher. Le prix est d’ailleurs l’un des principaux freins à l’appareillage auditif.
Chaque type d’appareil auditif a son mode d’entretien spécifique. De manière générale des précautions d'entretien sont à prendre pour le protéger de la chaleur, de l'eau, de l'humidité, et de la poussière. Cette protection garantira une durée de vie optimale de l’appareil et son bon fonctionnement. Il est ainsi recommandé :
Votre audioprothésiste est là pour vous conseiller quant à l'entretien de votre appareil auditif, n'hésitez pas à le consulter.
Il existe aujourd’hui un nouveau genre d’appareil appelé « assistant d’écoute prêt à l’emploi ». Il s’agit d’un appareil préréglé pour les gênes auditives légères dues à une presbyacousie. Il est vendu sans ordonnance en pharmacie à un prix défiant toute concurrence (mais non remboursé).
Cet « assistant d’écoute prêt à l’emploi » ne peut donc pas remplacer une prothèse auditive. Inscrit sur la liste des produits électroniques de grande consommation, il ne peut pas être considéré comme un dispositif médical à usage individuel.
Il convient de rappeler que la démarche de soins pour s’équiper d’un appareil auditif adapté comprend plusieurs étapes indispensables : consultation d’un otorhinolaryngologiste (ORL), réalisation d’un audiogramme, rendez-vous chez un audioprothésiste qui définira la prothèse adaptée en fonction de ces résultats.
- Nathaniel Rameau, audioprothésiste
- Conférence de presse Audio 2000 du 24 janvier 2008
- Conférence de presse Entendre du 25 juin 2007
Auteur(s): Anne-Sophie PREVOST, journaliste