En France, le pourcentage d’enfants présentant un excès pondéral est passé de 3 % en 1965 à 16 % aujourd’hui. L'obésité infantile n'est pas une fatalité, même chez un sujet prédisposé génétiquement. Un enfant ne devient pas obèse s'il surveille son alimentation et s'il augmente son activité physique. D'où le rôle important des parents qui sont souvent dans le collimateur des nutritionnistes !
La France, au cours des dix dernières années, a vu le nombre d’enfants obèses plus que doubler, pour tendre à rejoindre ainsi les chiffres nord-américains. Aux États-Unis, le phénomène touche en effet trois enfants sur dix. « La frénésie alimentaire s'est ajoutée depuis peu à l'anorexie et à la boulimie, ce qui signifie que l'obésité est bel est bien une maladie », explique le Docteur Gérald Vernhes, spécialiste de la nutrition. C'est pendant les premières années de la vie qu'il faut apprendre à manger. Pendant l'enfance et l'adolescence -tout se joue avant 12 ou 14 ans- l'alimentation des jeunes doit être surveillée. Il existe bien une prédisposition congénitale à l'obésité mais elle s'accompagne presque toujours d'une "ambiance" alimentaire familiale favorable : « Dans une famille où un parent est obèse, il y a une probabilité de 50 % que l'enfant le devienne. Si les deux parents présentent une surcharge pondérale, cette probabilité grimpe à 80 %. Mais attention, ce n'est qu'une influence héréditaire. Si l'alimentation est contrôlée, l'enfant ne grossira pas anormalement ». C'est pourquoi les nutritionnistes ne cessent d'alerter les parents sur les effets désastreux des mauvaises habitudes alimentaires des jeunes Français.
Certains événements favorisent une prise de poids chez l'enfant : une rupture dans son environnement existentiel (scolarisation, intervention chirurgicale, stress affectif comme la mort d'un animal), une rupture affective du contexte familial (mésentente parentale, divorce), ou la prise en charge par les grands-parents qui ont tendance à trop nourrir l'enfant. « Mais le plus terrible est la sédentarité chez ces jeunes. Ils vont à l'école en bus, ils ne sortent plus de façon spontanée car hypnotisés par la télévision… Ils n'ont plus d'activité physique. Il ne s'agit pas uniquement d'une ou deux heures de sport hebdomadaire, c'est tout leur mode de vie qu'il faut changer ». Sachez cependant qu'une heure de course à pied brûle l'équivalent calorique d'un repas. Deux périodes clés chez l'enfant doivent être plus précisément surveillées. A 4 ans et pendant la pré-puberté, il ne faut pas le suralimenter car ses tissus adipeux sont aussi en pleine croissance. Il est donc souhaitable de connaître la valeur calorique des aliments pour éviter des erreurs grossières. Mais il ne faut pas tomber dans l'excès inverse : éliminer les aliments les plus caloriques au risque de créer des carences.
La prévention de l'obésité peut s'exercer dès le plus jeune âge. L'enfant obèse a besoin d'une cohésion familiale pour retrouver une alimentation normale, et de pratiquer une activité sportive. Si la prise en compte de la surcharge pondérale n'est pas trop tardive, l'enfant qui n'a pas fini sa croissance a de fortes de chances de ne plus grossir. « Il faut pour cela des repas réguliers et fractionnés. Un petit-déjeuner avec un apport lacté et un peu de solide, un petit 10h (un biscuit mais pas une barre de chocolat), un déjeuner, un petit 4h, et un dîner ».
- Dr Gérard Vernhes, nutritionniste endocrinologue, Centre Médico-Diététique à Scy-Chazelles
- Centre de Recherche et d'Information Nutrionnelle (CERIN)
- Parce qu’à ses débuts, l’obésité infantile ne se voit pas, il faut la dépister le plus tôt possible, INPES, 13 février 2012
Auteur(s): Frédéric LECOMPTE, journaliste