Les techniques actuelles de correction visuelle apportent une solution à presque tous les défauts de vision.
Mais dans bien des cas, le rôle fondamental est joué par la prévention. Elle concerne toutes les tranches d'âge sans oublier les nourrissons.
C'est seulement vers 5-6 ans que la qualité de la vision chez l'enfant devient comparable à celle de l'adulte. Les affections visuelles peuvent s'aggraver avec l'âge, mais aussi être corrigées et parfois rééduquées si elles sont identifiées suffisamment tôt. C’est bien tout l’intérêt d’un dépistage précoce. Les yeux de nos chères têtes blondes sont à surveiller dès le berceau : le dépistage des anomalies de la vue fait partie des examens obligatoires dès les 4e et 9e mois, et ce n’est pas un hasard !
Le strabisme est sans aucun doute le défaut de développement visuel le plus fréquent. Il touche environ 4 % des enfants, sans discrimination de sexe. S'il peut être normal que le bébé louche par intermittence, une paresse persistante de l'un ou des deux yeux ne doit jamais être banalisée. D'autant qu'une diminution de l'acuité visuelle, ou amblyopie, lui est associée dans la moitié des cas.
« On récupère l'amblyopie en bas âge à 95 %. Après 2 ans, le traitement sera plus long et la récupération d'une vision correcte plus difficile. À partir de 5-6 ans, malheureusement, elle ne se corrige pratiquement plus », souligne le professeur Jean-Luc George, chef du service ophtalmologique au CHU de Nancy-Brabois.
Comment se rendre compte à temps d'éventuels troubles du comportement visuel des tout-petits ? Par une certaine fixité du regard, un manque d'intérêt pour les visages ou les objets qui entourent le nourrisson. Ils peuvent aussi être atteints de myopie, d'hypermétropie ou d'astigmatisme, autant d'anomalies souvent héréditaires.
En deux mots, la myopie c'est le fait d'avoir l'œil trop long. Ses caractéristiques : vision de près très bonne, vision de loin floue. La myopie simple, dite scolaire, débute entre 7 et 14 ans et évolue pendant 4 ou 5 années avant de se stabiliser. La myopie-maladie, quant à elle, débute plus tôt dans l'enfance. Dans les myopies fortes, d'autres complications sont à craindre qui peuvent conduire à la perte irrémédiable de la vision centrale et à la cécité.
L'hypermétropie, c'est le défaut inverse, l'œil est trop court, la vision de loin est bonne contrairement à la vision de près. Seul un effort d'accommodation, qui augmente la puissance de convergence du cristallin, permet au sujet jeune de voir net, au risque d'une fatigue visuelle, de maux de tête, voire du développement d'un strabisme.
Le terme mystérieux d'astigmatisme signifie que l'œil n'a pas des caractéristiques uniformes dans la focalisation des images (action de faire converger les rayons lumineux vers la rétine). Ainsi, les lignes verticales peuvent être vues floues alors que les horizontales sont à l'inverse nettes.
Reste la presbytie qui apparaît vers 45 ans et se traduit par une diminution de l'amplitude d'accommodation lors de la vision de près.
- Pr Jean-Luc George, chef du service ophtalmologique au CHU de Nancy-Brabois
Auteur(s): Dr Daniel GLOAGUEN, journaliste