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Retraite, interview d'Olivier de Ladoucette

Retraite, interview d'Olivier de Ladoucette

Parmi les grands événements de notre existence, le moment de prendre la retraite revêt une particularité fondamentale dans la mesure où il met fin au travail qui, apprécié ou non, demeure le principal organisateur de nos vies.

Pour Olivier de Ladoucette, gérontologue et psychiatre, cette nouvelle vie doit se préparer le plus tôt possible afin de bien la vivre.
 

Comment bien aborder la retraite ?
Même si avec les 35 heures notre culture des loisirs s’est encore plus développée, il n’en demeure pas moins vrai que la vie change complètement au moment de la retraite. Il existe une rupture manifeste au niveau de l’organisation du temps, et en particulier des contraintes. Ce surcroît de liberté peut pour les uns être positif, et pour les autres sources de grande déstabilisation. Il est donc nécessaire de réfléchir suffisamment tôt (deux ou trois ans avant l’arrêt de la vie professionnelle) aux activités qui prendront le relais, et même de commencer à les mettre en place de manière à éviter un passage à vide brutal au début de la retraite. Cela est d’autant plus vrai qu’elle intervient au moment où nous entrons dans une tranche d’âge, s’étendant de 60 à 75 ans, où nous sommes des « adolescents de la
vieillesse », en pleine forme et performants. C’est donc le moment de « re-traiter » notre vie, de la repenser, d’être nous-mêmes et, si c’est le cas, de continuer à cultiver l’art d’être grand-parent, un art subtil reposant sur le juste équilibre entre la proximité complice et la bonne distance éducative !
 

Mais le moment de la retraite n’est-il pas souvent associé à une crise existentielle ?
En chinois, le mot crise est représenté par deux idéogrammes accolés, l’un signifiant danger et l’autre opportunité. Ainsi, lors de la préparation à la retraite, il est conseillé d’évaluer les écueils et les dangers inhérents à cette prochaine vie, d’inventorier ses ressources et de prospecter de nouveaux investissements mobilisateurs en adéquation avec la réalité. Par exemple, la personne qui avait de nombreux contacts dans son métier devra se méfier d’une éventuelle solitude post-professionnelle. Elle pourra donc commencer à élargir et à diversifier son réseau social.

 

Comment préparer le couple à cette nouvelle vie ?
Des tensions peuvent s’installer lorsqu’il est demandé à l’autre de remplir le vide laissé par les activités professionnelles, ou si l’on s’aperçoit avec déception que le conjoint n’est pas aussi disponible que ce que l’on s’était imaginé. Il faut donc trouver un nouvel équilibre entre les désirs de rapprochement et les besoins d’indépendance. Il est important de parler en couple des souhaits de chacun, de réfléchir aux activités pouvant être effectuées ensemble ou séparément et, pourquoi pas, de repenser le domicile en prévoyant des espaces pour chacun ! Souvent, les couples qui s’en sortent mal étaient déjà en difficulté auparavant.

 

Mais il ne faut pas oublier que ce changement de vie réclame de nouveaux apprentissages qui demandent une période d’adaptation allant de six à huit mois, et il n’est donc pas rare que le départ à la retraite soit suivi d’une petite période de flottement. Mais ensuite, il est souhaitable de reprendre des activités, d’être créatif, curieux, tant vis-à-vis de soi-même que des autres.

Auteur(s): Marie Clainchard, journaliste