Si le corps change avec l’âge, les attentes et les désirs en terme de sexualité peuvent demeurer les mêmes : ainsi près de la moitié des seniors déclarent avoir conservé leur appétit sexuel en vieillissant.
Comparée aux années 60 où l’on pensait communément que seuls les pervers faisaient l’amour après la soixantaine, la sexualité des seniors connaît aujourd’hui une véritable révolution des mentalités. Un changement permis également par les progrès médicaux dans le traitement des troubles de la sexualité liés au vieillissement. Soixante ans, c’est pour de nombreux couples le moment idéal de vivre pleinement leur sexualité : plus d’enfants à charge, plus de contraintes professionnelles, plus de soucis… mais à l’inverse beaucoup de temps libre, de dynamisme et des conditions de santé bien meilleures qu’auparavant sont autant de conditions favorables à son épanouissement.
D’après une enquête menée en 2011 par l’institut de sondage Harris, le principal obstacle à une vie affective et sexuelle chez les seniors n’est pas l’âge, mais la solitude et le manque de partenaire : en France, près de la moitié des femmes de 80 ans sont veuves contre seulement 18 % des hommes. De fait, chez les personnes qui sont en couple, plus de 50 % des plus de 70 ans déclarent avoir encore des relations sexuelles.
Si le désir existe toujours, la sexualité peut cependant être bouleversée par certains troubles physiques liés à l’âge : ainsi, un tiers des hommes entre 60 et 69 ans déclarent souffrir de troubles de l’érection.
Mais des freins psychologiques et socioculturels peuvent aussi être impliqués. Pour concilier amour, sexualité et vieillesse, il est important de conserver l’estime de soi et de vivre dans une intimité épanouie avec son ou sa partenaire. Pour vivre sereinement une relation amoureuse et sexuelle, il est par ailleurs important que l’entourage ait une attitude bienveillante, qu’il s’agisse de la famille, mais aussi des professionnels de santé, notamment lorsqu’on vit dans un établissement spécialisé.
Avec le vieillissement de la population et le nombre grandissant de personnes vivants en établissement spécialisé, relations amoureuses et sexuelles sont devenues des réalités qui ne peuvent plus être ignorées dans les maisons de retraite et les EHPAD.
Ainsi, certains établissements aménagent leurs horaires et leur configuration pour respecter au mieux l’intimité de leurs résidents, d’autres leurs laissent la possibilité de sortir à l’extérieur, si leur santé leur permet. Par ailleurs, de plus en plus de professionnels qui y travaillent sont sensibilisés : il existe des formations sur ce thème, qui mettent l’accent sur le respect de la vie privée et de l’intimité des seniors mais aussi sur la protection des plus faibles vis à vis d’abus possibles d’autres occupants.
Mais il existe encore de nombreux freins, notamment de la part des familles, qui ont parfois du mal à considérer que leurs ainés aient encore une vie affective et sexuelle.
Auteur(s): Ghislaine TRABACCHI et Clément GILBERT, journaliste