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Le doudou : un objet entre maman et bébé

Le doudou : un objet entre maman et bébé

Il le tripote, le caresse, le suce, le hume et s’en frotte le bout du nez ! Cette petite peluche parfois recousue, ce bout de tissu effiloché, cette couverture sale et malodorante… c’est le doudou de bébé qui sait si bien le réconforter et l’apaiser ! Objet de transition… à respecter !

Un objet rassurant

Nana, nin-nin, nono… le doudou de bébé peut avoir bien des noms différents selon son propriétaire. Cet objet unique, choisi par bébé et par lui seul, fait en général son entrée dans la vie de la famille vers les huit mois de l’enfant. À cet âge, bébé comprend qu’il est une personne à part entière, tout comme l’est aussi sa maman. Une découverte pas franchement rassurante… car bébé comprend par la même occasion que sa maman peut disparaître à tout moment. Pour lutter contre cette terrible réalité, bébé choisit alors de s’attacher à un objet, son doudou, qui le réconfortera par sa présence rassurante.

Un objet transitionnel

Pour les psychanalystes, le doudou de bébé est un objet transitionnel. " Le rôle du “doudou†a été particulièrement étudié par le pédopsychiatre et psychanalyste Donald Winnicott. Il en a relevé une fonction particulière. Il s’agirait, pour le nourrisson et le petit enfant, d’un objet dont la possession et la succion, notamment au moment du coucher, apaisent et rassurent ", explique Eric Flaig, psychologue clinicien et psychanalyste. Cet objet transitionnel se situe entre ce que crée l’enfant (le sein qu’il voit en rêve au moment où il a faim et qui le conduit à sucer son pouce en imaginant que c’est ce sein) et ce qui vient de l’extérieur. Un objet entre réalité interne et externe. Doudou doit survivre à tous les élans passionnés du jeune enfant et à son agressivité. Sans bras, sans jambes, sans oreilles… une peluche doudou peut parfois se réduire à un simple tronc ! Peu importe ! Pour bébé, un doudou, même amputé, c’est la sécurité !

Quand s’en séparer ?

Sale et malodorant… un doudou usagé mériterait, au goût des adultes, une bonne toilette de temps en temps. Pas de l’avis de bébé pour lequel un doudou bien gris et fort en odeur est au contraire un bon doudou ! Dans un désir d’hygiène légitime, les parents ne doivent pas passer doudou à la machine à laver à l’insu de bébé. Mieux vaut proposer à l’enfant de faire lui-même la toilette de son doudou à l’occasion du bain. En grandissant, l’enfant va se détacher tout seul de son doudou. Peu à peu, ce dernier ne va plus quitter son lit et il ne le prendra que pour s’endormir. L’objet transitionnel n’est pas oublié… mais voué à un désinvestissement naturel et progressif. Relégué dans les limbes, doudou perd son sens pour l’enfant grandissant qui lui préfère ses copains et ses jeux. Il n’y a donc pas d’âge pour se séparer de doudou… c’est à l’enfant d’en décider.

Que faire en cas de perte ?

Ne profitez pas de la présence de doudou pour raccourcir les moments privilégiés passés auprès de votre enfant. Et ne faites pas de doudou un objet sacré pour toute la famille ! En cas de perte, nul besoin de remuer ciel et terre pour le retrouver. Redoublez de câlins et de mots doux pour faire comprendre à votre enfant que vous comprenez sa peine… et dites-lui que vous lui faites confiance pour savoir en choisir un nouveau ! Par peur de la perte, certains parents achètent d’emblée deux doudous identiques.

Sources

Eric Flaig, psychologue clinicien et psychanalyste, Paris
" Jeu et réalité ", D.W. Winnicott, 1971, Gallimard 1975

Auteur(s): Ghislaine Trabacchi - Mise à jour mardi 21 février 2017