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Bien vivre une grossesse à risque

Bien vivre une grossesse à risque

Entretien avec Marie Haddou, psychologue clinicienne, auteur du guide « Bonjour grossesse».

Comment vivre le mieux possible une grossesse considérée à risque ?

Les examens médicaux, bien que très utiles, fragilisent paradoxalement beaucoup les mères et notamment celles qui ont une grossesse étiquetée à risque. Ils deviennent même sources d’inquiétude. L’attente des résultats entraîne des angoisses et peut amener des femmes à modifier leur investissement affectif vis-à-vis du bébé. Pour vivre le plus sereinement possible cette période délicate, la femme doit bien sûr être aidée, soutenue sur le plan psychologique et affectif, mais aussi avoir la possibilité de s’informer. Elle ne doit surtout pas devenir qu’un objet de soin qui subit passivement les ordres de l’équipe médicale. Au contraire, elle doit se situer comme une partenaire dans cette expérience qui la concerne au premier chef. Etre dans une situation active et oser poser toutes les questions qui tracassent, donne des clés pour désamorcer l’anxiété. Je conseille aux femmes de réfléchir et d’écrire leurs questions avant la consultation médicale. Visiter la salle de travail, une chambre, la pouponnière, prendre des repères ... se familiariser avec l’endroit où elles vont accoucher est aussi important. 

Parfois, l’accident arrive et la femme perd son enfant. Comment surmonter cet épisode douloureux ?

Précoce ou plus tardive, une fausse couche est toujours vécue comme un traumatisme. Les proches ont parfois tendance à banaliser cet événement et à le considérer comme un incident mineur. Ils ont tort. Si la grossesse a été désirée, la disparition du fœtus, quel que soit son âge, confronte la mère à l’effondrement de ses espérances et la plonge dans un désarroi terrible et dans une vive douleur, souvent muette car refoulée. La femme doit pouvoir parler, se confier et se sentir comprise. Il est indispensable qu’elle trouve une écoute attentive auprès de l’équipe médicale, d’amies qui sont passées par là ou de son compagnon. A défaut, quelques entretiens avec un psychologue permettent d’amorcer un travail de deuil qui est absolument nécessaire. Le deuil non assumé peut avoir des conséquences néfastes sur la santé tant physique que morale et perturber d’éventuelles grossesses ultérieures.

Sources

Marie Haddou, psychologie clinicienne, auteur de " Bonjour grossesse " aux éditions Flammarion, septembre 2003.

Auteur(s): Emmanuelle BILLON-BERNHEIM