Entretien avec le professeur Michel Tournaire, chef de service de la maternité de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris et auteur de l'ouvrage « Le Bonheur d'être mère, La grossesse après 35 ans».
Pr Michel Tournaire : " Les femmes qui sont enceintes passé 35 ans se sentent prêtes. Elles sont plus mûres qu’entre 20 et 30 ans. Elles ont acquis une stabilité affective, apportée par leur expérience de la vie. Ce sont des éléments favorables au bon déroulement de la grossesse et à la maternité. Quand l’enfant arrive sur le tard, les couples ont eu l’occasion d’observer de nombreuses familles et de repérer les principes éducatifs qui leur conviennent. Ils ont mûrement réfléchi à leur projet et à l’environnement qu’ils souhaitent offrir à leur futur enfant. Dans certains cas, l’enfant arrive parfois après une longue et difficile période d’infertilité ou de demande d’adoption. Il est alors accueilli et apprécié comme un véritable cadeau de la vie. "
Pr M. T. : " Les mères tardives ont une plus grande confiance en elles grâce à leur expérience de la vie. Pour élever leur enfant, elles acceptent plus facilement les conseils venus de l’extérieur, elles prennent les situations délicates avec plus de philosophie et d’humour, elles sont plus patientes. Les parents qui ont eu leurs enfants après 35 ans sont généralement plus motivés pour les élever, prennent plus de temps pour eux, misent davantage sur leur éducation, s’impliquent par exemple dans leur scolarité. Leurs conditions économiques, souvent meilleures, leur permettent de faire bénéficier leur enfant de davantage de loisirs, de voyages, d’événements culturels et d’études. "
Pr M. T. : " Une étude d’une université américaine a montré que les mères après 35 ans se sentent bien dans leur nouveau rôle et apportent habituellement plus à leurs enfants. Seul bémol, elles auraient tendance à vouloir être trop parfaites dans leur rôle de mère! Elles risquent donc de trop couver leur enfant ... d’être surprotectrices. Elles doivent apprendre à ne pas être trop centrées sur l’enfant, à ne pas tout faire pour qu’il soit le plus précoce, le plus astucieux, le plus athlétique, pour qu’il parle, marche et lise plus tôt que les autres. "
Pr M. T. : " Certains enfants auront parfois à affronter les remarques désobligeantes des copains à la sortie de l’école. Certains parents seront aussi sommés par leurs enfants de ne pas venir les chercher à l’école. Ces enfants auront aussi moins de chances de connaître leurs grands-parents, et à plus forte raison, leurs arrières grands-parents. "
Pr Michel Tournaire, chef de service de la maternité de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris.
" Maternités tardives ", Avis du Haut Conseil de la population et de la famille, avril 2005.
Auteur(s): Ghislaine Trabacchi