L’état dépressif n’est pas réservé aux adultes. L’enfant aussi, quel que soit son âge, peut connaître cette souffrance. Mais chez lui la dépression prend en général des apparences trompeuses, ce qui rend le diagnostic plus difficile. Les parents doivent donc être attentifs à des changements de comportement qui sont autant de signaux d’alerte.
Qu’un enfant soit triste n’a rien d’exceptionnel. Comme un adulte, il est affecté par les événements de la vie : une mauvaise note, une dispute à la maison influent sur son humeur. Mais il ne s’agit que de brèches passagères dans la vitalité propre à l’enfance. La dépression, elle, est un sentiment de tristesse intense et continu, heureusement rare à cette période de la vie. Elle touche, estime-t-on, 0,5 % des enfants. Elle est plus fréquente à l’adolescence, âge des tourments, où la proportion des jeunes concernés atteindrait 3 %.
Un enfant déprimé se plaint rarement de sa tristesse : il exprime son malaise de façon détournée par des changements de comportement qui surviennent souvent brutalement et s’installent. Ce peut être un enfant qui reste en retrait, s’isole de ses copains, se désintéresse de son sport préféré. D’autres signes peuvent alerter : la violence, l’instabilité, la provocation. Il y a aussi les blocages intellectuels pouvant conduire à l’échec scolaire, ou une tendance à de fréquents accidents ou blessures. Citons aussi les maux de ventre ou de tête à répétition, les troubles du sommeil ou du comportement alimentaire. Il existe également un sentiment d’auto dévalorisation qui se traduit par des petites phrases comme " Je suis nul ", " Je n’y arrive pas ".
Si les parents soupçonnent une dépression, leur rôle est d’abord d’être à l’écoute, d’inciter l’enfant à dire ce qui ne va pas, de le rassurer sur les sentiments qu’ils lui portent, éventuellement de vérifier si les enseignants ont eux aussi remarqué des changements de comportement.
Dans un premier temps, la prise en charge consiste en une psychothérapie. Les antidépresseurs sont officiellement déconseillés avant 18 ans. Toutefois, certains spécialistes en prescrivent lorsque la dépression est particulièrement sévère ou que la psychothérapie ne suffit pas.
Une dépression non reconnue, donc non prise en charge, risque de laisser des traces dans la vie de l’enfant. Elle peut être à l’origine d’une situation durable d’échec scolaire et expose à des rechutes à l’adolescence et même à l’âge adulte. En revanche, si l’enfant a été bien suivi, ce risque est faible. La dépression peut même constituer, dans le meilleur des cas, une épreuve dont il sort renforcé.
Pierre Ferrari, " Comment vivre avec un enfant déprimé ", Éd. Josette Lyon.
" Le bon usage des antidépresseurs au cours de la dépression chez l’enfant et l’adolescent ", Afssaps, février 2006.
Auteur(s): Catherine Viot