Strabisme, fatigue visuelle, presbytie, malvoyance... l'orthoptiste corrige les anomalies et aide à mieux utiliser sa vision. Qui sont ces rééducateurs des troubles de la vue, quel est leur champ d'activité, leur mode d'exercice ? Le point sur cette discipline paramédicale qui prend soin de nos yeux.
Vous avez mal à la tête le soir après votre journée de travail sur écran d'ordinateur, votre bébé semble loucher, vous êtes malvoyant, vous n'arrivez pas à vous habituer aux verres progressifs... l'orthoptie (ou orthopsie) peut vous aider. Du grec "orthos" (droit) et "opsie" (voir), cette profession paramédicale aide à « voir droit ». Ses indications sont nombreuses et variées. Et elles vont en augmentant dans notre société très sollicitée sur le plan visuel. Dès l'âge de six mois, un enfant atteint de strabisme peut bénéficier d'une rééducation par un orthoptiste. Quand un œil est dévié, les deux yeux ne savent plus regarder ensemble. Ils ne sont plus coordonnés. Pourtant, comme nous percevons une image unique, il faut l'accord parfait entre nos deux yeux pour ne pas voir flou. Les yeux doivent dans toutes les positions du regard se diriger dans la même direction afin que la superposition des deux images au niveau du cerveau soit parfaite. L'orthoptie réapprend aux deux yeux à fonctionner normalement dans un premier temps, puis ensemble dans un deuxième temps. Mais les déviations des axes oculaires sont difficiles à corriger. Le traitement peut durer plusieurs années. Parfois, une intervention chirurgicale est nécessaire.
La fatigue, le stress, la fixation prolongée d'écrans vidéo, les traitements antidépresseurs peuvent majorer des anomalies de la coordination des deux yeux. Résultat : maux de têtes (induits par l'effort demandé aux muscles des yeux pour ne pas voir double), puis gêne oculaire (rougeurs, yeux qui piquent, troubles de la lecture). La rééducation orthoptique permet de corriger ces problèmes d'adaptation. Différents exercices sont pratiqués : bâtonnets à suivre du regard, dessins imprimés sur des feuilles à superposer en les approchant des yeux, etc. Le but est de jouer sur l'élasticité musculaire pour renforcer un réflexe et une coordination entre les deux yeux. L'orthoptiste aide aussi le presbyte qui voit le monde tanguer à travers ses verres progressifs. Pas toujours facile de s'adapter à ses nouvelles lunettes ! Neuf fois sur dix, l'orthoptie permet de s'y adapter en douceur.
L'orthoptiste est aussi le rééducateur de la malvoyance. Le glaucome, le diabète, des maladies vasculaires et neurologiques et surtout la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l'âge) peuvent provoquer une perte de la vision. L'atteinte visuelle peut aussi être d'origine héréditaire comme la rétinite pigmentaire. Dans ces différentes maladies, même faible la vision existe encore. Les personnes malvoyantes peuvent développer leurs capacités visuelles et apprendre à les utiliser au mieux. La rééducation basse-vision, concept encore mal connu, est une aide précieuse. Elle apprend non pas à revoir comme avant mais à voir autrement. Il existe des centres de rééducation et des hôpitaux où des équipes pluridisciplinaires sont spécialisées en basse-vision. L'orthoptiste travaille alors en équipe avec un ophtalmologiste, un opticien, un ergothérapeute, un instructeur en locomotion et un psychologue.
- Monsieur Hervé Périn, opticien diplômé d’état
Auteur(s): Emmanuelle BILLON-BERNHEIM, journaliste